Bleu Majorelle
Marlingotte sous le soleil de Marrakech
par Mary Jane
Depuis de nombreuses années, je trouve dans le jardin Majorelle une source inépuisable d’inspiration et j’ai souvent rêvé à ses couleurs qui sont uniques.
Yves Saint Laurent
Tout d’abord, parlons bleu, parlons bien.
On ne peut évoquer cette couleur sans avoir Klein à la bouche.
Et oui, on connait le bleu Klein ; plus précisément l’International Klein Blue (IKB), procédé de mélange du Bleu Outremer synthétique et d’un liant à la composition chimique spécifique (nom et procédé déposés dans une enveloppe Soleau à l’INPI en 1960 par l’artiste Yves Klein) permettant une rétractation du liant faisant apparaître le grain du pigment et matifier la couleur.
Mais que dire du Bleu Majorelle ? Quelles sont les différences ?
Premièrement, le bleu Klein est breveté (enfin disons le procédé de fabrication), tandis que le bleu Majorelle, visiblement non, jusqu’à preuve du contraire.
Secondement, le bleu Majorelle est 20% plus violet que le bleu Klein, donc plus chaud car avec du rouge.
Tertio, le « bleu Majorelle » est plus ancien que le bleu Klein.
Le bleu Majorelle porte le nom du peintre nancéien Jacques Majorelle né en 1886 (donc bien avant Klein, exactement 42 ans son aîné), exilé à cause d’une maladie pulmonaire (après l’Espagne, l’Italie et l’Egypte) au Maroc.
Majorelle acquiert une palmeraie en 1924 au nord-ouest de la médina de Marrakech, dont nous fêtons dans le podcast de Marie Sorbier, le centenaire cette année ; à écouter ici sur France Culture.
Il y fait construire en 1929 une villa atelier dans le style Le Corbusier (grâce aux architectes Poisson et Sinoir) ; ambiance Art Déco et architecture mauresque (sol et fenêtres).
Huit ans plus tard (en 1937), il recouvre le blanc du bâtiment de couleurs vives, principalement de Bleu Outremer mélangé, baptisé Bleu Majorelle.
Vous trouverez ici une formidable histoire sur le bleu Majorelle, et les origines des pigments : https://o-maroc.com/bleu-majorelle-lapis-lazuli-af...
Lors de son récent voyage à Marrakech, Marlingotte s'est attardée dans les jardins de la villa où tout est merveille pour les yeux avec des variations de bleus, verts et gris et des touches de jaune et orange suggérées par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé pour plus d'harmonie.
En effet, le célébrissime grand couturier Yves Saint Laurent et son compagnon l'homme d'affaires et mécène Pierre Bergé découvrent le jardin en 1966 et en tombent amoureux.
« Nous fûmes séduits par cette oasis où les couleurs de Matisse se mêlent à celles de la nature ».
Ils décident d'acheter le jardin Majorelle en 1980 et d'habiter la villa de l’artiste, rebaptisée Villa Oasis. S'en suivent d’importants travaux de restauration du jardin pour « faire du jardin Majorelle le plus beau jardin, celui que Jacques Majorelle avait pensé, envisagé ».
En souvenir d'YSL un mémorial a d'ailleurs été érigé, suite à la dispersion de ses cendres dans la roseraie de la villa en 2008.
Au milieu des jeux d'eau, des cactus, des bambous, des bougainvilliers et des majestueux palmiers, tout est harmonieux et inspirant à Majorelle. Quiétude, plénitude, calme et douceur assurés.
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Crédit photos : Marlingotte
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